Dans la presse, le Président du Conseil général se targue d’avoir sorti la Seine-Saint-Denis du piège des emprunts toxiques grâce à ces négociations avec la Société de Financement local (SFIL, ex-Dexia).
Un bel effet d’annonce qui ne résiste pas à l’examen attentif de la réalité. En effet, ce que Troussel ne rappelle pas, c’est le récent chantage de son gouvernement : les collectivités ayant contracté ces emprunts structurés seraient dédommagées en partie par l’Etat (argent public) à condition qu’elles cessent toute poursuite contre les banques, pourtant responsables de cette escroquerie.
Ce qu’il ne dit pas non plus, c’est que le département va devoir verser plus de 5 millions d’euros avant la mi-janvier 2015 pour pouvoir bénéficier de ces réaménagements de prêts. Même s’il se glorifie de « peut-être » percevoir 26 millions d’euros issus du fonds de soutien aux collectivités, il omet de dire que cet argent ne servira qu’à indemniser les banques dans nos négociations avec elles.
Cela veut dire que nous allons continuer de payer les emprunts toxiques de toute façon puisque même si les taux d’intérêt ont été révisés à la baisse, ils sont quand même maintenus. L’aide du fonds de soutien dont nous bénéficierons en échange de notre renoncement à faire valoir nos droits devant la justice ne compense pas le préjudice subi par la malhonnêteté et les excès spéculatifs des banques envers les collectivités.
Dexia fait donc une bonne opération puisque l’Etat l’avait déjà sauvée et que les collectivités comme la nôtre vont encore faire de même. Et cela, avec l’argent du contribuable, bien entendu !
Sur ces constats, nous ne voyons pas très bien où est la victoire de Stéphane Troussel. Alors qu’avec Bartolone, il clamait il n’y a pas si longtemps encore qu’il était hors de question de payer des intérêts concernant ces emprunts toxiques à des banques coupables de malhonnêteté, le voilà aujourd’hui qui renonce et s’incline !
Qu’il annonce ensuite fièrement que grâce à cela, il n’y aura pas d’augmentation d’impôt relève presque de l’humour! Il ne manquerait plus que ça !
En outre, rappelons que si, en raison de l’escroquerie qui les caractérisait, les emprunts toxiques contractés par nombre de collectivités ont été très dommageables pour celles-ci, c’est surtout le désengagement de l’Etat qui les a fait sombrer financièrement.
L’Etat doit plus de 2 milliards d’euros aujourd’hui à la Seine-St-Denis pour le transfert de charges non compensé (prestations sociales). Ce n’est donc pas ces renégociations qui sauveront notre département de l’étau financier qui l’étrangle depuis 10 ans et la situation restera la même.
Le profit financier n’a pas sa place dans le développement des services publics assuré par les collectivités. Il est temps de :
- suspendre le versement des intérêts, faire payer les banques en refusant de les dédouaner de leurs responsabilités ;
- créer un Pôle public bancaire dont les missions d’appui au développement des projets d’intérêt général seraient clairement affirmées
- prendre des mesures pour empêcher les institutions financières de continuer à nuire : nationaliser les banques (sans indemniser les actionnaires) en les plaçant sous le contrôle des citoyens et modifier les statuts de la Banque Centrale Européenne.
Nous continuerons de porter ces exigences qui risquent d’ailleurs de prendre encore un nouveau relief dans les mois qui viennent lorsque Stéphane Troussel devra faire face à la toxicité du financement de ses collèges en Partenariat Public/Privé (PPP) conclu en 2012!